L'enfance. Que de plus heureux que ce sentiment d'innocence, de sécurité et d'amour. L'enfance est une période de la vie que personne n'oubliera jamais. L'enfance est ce qu'il y a toujours de plus beau dans la vie des gens. Bien entendu, pas pour tous le monde. Certaines personnes ne vivent pas toujours dans le bonheur et dans la joie. Et ce, même depuis leur première respiration. Au début, tout était parfait. Au début, tout était de l'or pur et simple. Mais ça c'était au début.

J'aurais pu vous raconter un conte de fée sur mon enfance mais ce n'est pas vraiment le cas. Enfin si, ça l'est dans l'ensemble, mais mes débuts ont été difficiles. Les Hopkins ? Oh non, ce ne sont pas mes véritables parents. Et je le regrette d'ailleurs. Mais maintenant, à mes yeux, ils sont tout comme. Si ce ne sont pas mes parents biologiques, qui sont-ils ? Ma vraie mère travaillait dans un magasin pharmaceutique en temps que simple stagiaire. Elle a dû coucher une fois de trop ou alors ne pas faire attention et paf, elle est tombée enceinte. De moi. Pas top comme truc hein ? Je n'étais pas désirée, mais alors pas du tout. J'ai beaucoup aimé entendre ça. Enfin, ce sont des choses qui arrivent vous me direz. Mais cela fait toujours mal à entendre en fait. Oui, donc, revenons à notre sujet principal. Ma mère ne voulait pas de moi. Elle n'assumait pas le fait d'avoir bu comme un trou et de s'être faite baiser jusqu'à ce que l'irréparable n'arriver. Oui, je suis toujours aussi crue quand je parle de ma génitrice, que je ne connais pas d'ailleurs et que je n'ai aucunement envie de connaître. Une fois extraite de son corps, elle m'a simplement déposée au bureau. Elle m'a abandonné, m'a jeté comme une vieille chaussette. C'est Monsieur Hopkins qui m'a trouvé et qui m'a recueillit. J'avais à peine deux semaines et je me retrouvais livrée à moi-même dans ce magasin avec tout un tas de médicaments. Moi, emmitouflée dans ma petite couverture en laine, et ben j'ignorais tout de la situation et c'était bien mieux comme ça en y réfléchissant bien.

Ma mère biologique, je ne veux même pas en entendre parler. Je ne veux même pas la voir un jour. La connaître ne m'apporterais rien de plus. Les Hopkins sont ma véritable famille. Ils ont toujours été là pour moi, ils ne m'ont jamais abandonnés et ils m'ont aimé comme jamais ma génitrice ne m'aimera.

Un an après mon adoption, Madame Hopkins est tombée enceinte. Un enfant qui n'était pas prévu au programme. Un enfant qui n'était pas voulu, comme moi. Et pourtant, ils ont surmonté tout ça et ont gardé cet enfant. Ce petit bout de chou à la chevelure blonde, c'est une petite fille et elle s'appelle Jessica ... Enfin non, c'est Jessie et ça rester à jamais Jessie, ma petite soeur.

L'adolescence et ses soucis quotidien. C'est à cette période qu'arrivent les trucs de filles. Les règles, les premiers garçons, les cours qui s'intensifient et tout le reste. On ne sait jamais vraiment comment un adolescent va réagir à tous ces problèmes quotidiens qui ne font que, dans la plupart des cas, se compliquer. La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Il faudrait penser à le leur dire un jour. Une seule tragédie ne suffit jamais. Rien n'est jamais trop beau pour être vrai. L'enfance, l'innocence d'un nourrisson. Nous devrions tous rester à cet état de petit être sans défense, innocent et incapable de comprendre la vie et ses défauts.

J'avais quinze ans et je ne voudrais pour un rien revivre ce qu'il s'est passé ce jour là. Jessie n'était pas à la maison. Pas encore. Mes parents sont venus me trouver dans ma chambre. Concentrée sur mes devoirs, je ne les avais même pas entendu entrer. Bref. Ils ont longuement discuter. Je ne comprenais pas vraiment à quoi rimait tout ce cirque en fait. Ils partaient dans un sens, puis dans l'autre, pour enfin revenir sur leurs pas. Non, ça, c'était vraiment incompréhensible. « Stop. C'est quoi ça ? Vous allez enfin me dire ce qui se passe à la fin ? Je ne comprends rien. » Ils se sont lancés un regard étrange et bizarrement, j'ai tout de suite compris. « Ne me dites pas que c'est ce que je crois ? Ne me dites pas que vous ... » Ma mère a prit ma main dans la sienne et j'ai su que je pensais juste. Ils avaient décidé de se séparer et ça me blessait au plus profond de mon être. Moi qui pensais que leur amour était éternel et que rien ni personne ne pourrait changer ça. Je m'étais bien plantée tiens. J'ai progressivement plongé dans un mutisme profond. Lorsqu'ils ont voulu annoncer la nouvelle à Jessie, j'ai été lâche et j'ai préféré fuir plutôt que d'affronter ma petite soeur. Je crois qu'aujourd'hui encore je m'en veux de l'avoir abandonner ce jour là.

Et puis, j'ai eu tout le temps de me rattraper par la suite. J'ai mis du temps avant de reprendre un rythme de vie normal. J'ai mis du temps avant de retrouver la parole, avant de sourire à nouveau. Je dois bien avouer que depuis ce jour là, j'ai fais un peu n'importe quoi. Je me suis mise à fumer, comme un pompier même. J'avais besoin d'évacuer toute cette colère que j'avais en moi. Je faisais beaucoup de soirée desquelles je rentrais toujours complètement saoule. Mais je m'en foutais parce que j'avais besoin d'évacuer mon mal-être. Je n'ai jamais testé de drogues autres que la cigarette ou l'alcool, bien que j'en eu l'occasion des tonnes et des tonnes de fois. Je me devais d'être un exemple pour Jessie et au final, je l'ai carrément entraîner là-dedans. J'ai été inconsciente et totalement idiote, je le reconnais et m'en mords encore les doigts aujourd'hui. Malheureusement, je ne peux pas revenir en arrière.

Ma petite soeur était enceinte. Jessie allait avoir un enfant. Lorsqu'elle m'a annoncé la nouvelle, j'ai d'abord été extrêmement surprise et puis j'ai fini par sauter partout. J'étais tellement heureuse pour elle. Bon, d'accord, elle n'avait que dix-neuf ans mais j'ai dépassé cette idée. Elle était bien trop jeune à mes yeux pour avoir un enfant mais au final, je m'en fichais. J'aurais été une tante parfaite, je le sais, j'en suis persuadée. J'ai fais en sorte que mon petit ange soit dans les meilleures conditions qu'il soit. J'avais du mal à la laisser respirer cinq minutes. Et quand elle tirait la tronche, je m'inquiétais beaucoup trop, de peur que quelque chose aille mal. La tata gâteau, c'était mon surnom. Je l'aimais bien en fait. J'aurais décroché la lune pour ma petite soeur et son gamin s'il le fallait. Et puis tout est parti en vrille. Le bébé était atteint du syndrome de Down. Je crois que pendant cette période, j'ai été plus atteinte que ma soeur. Pourtant, ce gamin n'était pas le mien. Mais j'ai eu peur, très peur. Mais je n'ai pas lâcher l'affaire. Je suis restée auprès de ma soeur à chaque seconde de chaque jour. J'étais là lors de l'intervention. C'était difficile pour toutes les deux. Je me devais de rester forte pour elle alors je me cachais pour pleurer quand je sentais que ça n'allait pas. Je faisais semblant d'être forte. Je lui devais bien ça. Son petit monde s'écroulait et le mien avec. Nous avons beaucoup perdu. Elle bien plus que moi d'ailleurs.

Le passé. On s'accroche bien trop souvent au passé. Il nous a forgé. Il a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Il nous a fait faire des choses que nous regrettons et d'autres que nous ne regrettons pas aujourd'hui. Nous pouvons être fiers d'avoir un passé, qu'il soit simple ou compliqué. Le passé est ce que nous avons de plus précieux au monde. Il est notre identité, notre passeport, notre adresse, notre vie toute entière. Il ne sert à rien de s'y accrocher. Le passé ne peut être changé. Le passé ne doit pas être changé. Chaque personne est exceptionnelle. Le monde est composé de plus de six milliards d'exceptions. Chaque personne doit faire ses preuves chaque jour. Et c'est à cause de cela, de toutes les épreuves que chacun doit surmonter que nous sommes tous des exceptions.

Et puis elle est partie. Mon petit ange, ma soeur. Elle a quitté le pays. Elle est partie s'exiler en Italie. Son absence était insupportable. Alors j'ai été la voir plusieurs fois. Ça me faisait mal de rejeter Joshua de cette expédition, mais je n'avais pas le choix. Je savais que Jessie m'aurait tuée si j'avais osé l'emmener avec moi. J'ai retrouvé ma petite soeur. La voir se mentir à soi-même me blessais mais je n'ai rien dit. Je ne voulais pas ressasser le passé et la revoir dans sa période la plus sombre. Je l'ai écouté, je l'ai vu évolué un peu plus à chacun de mes voyages. J'ai retrouvé Isaak, un vieil ami d'enfance. Nous deux, c'était assez particulier. Nous étions le couple parfait quand on était gamins. Et puis ses parents ont divorcés et il a suivit sa mère, jusqu'en Italie. Ce fut un véritable déchirement de le laisser m'échapper comme ça mais je n'avais pas vraiment le choix non plus. Un soir, nous nous sommes véritablement retrouvés et nous sommes sortis ensemble, dans le dos de ma soeur. Je n'aimais pas vraiment ça mais c'était bien plus fort que moi. Alors je lui ai fait promettre de ne jamais rien dire à Jessie. Il a juré et on a continué comme si de rien n'était.

Elle est rentrée. Avec Isaak à son bras. Ils étaient ensembles. C'était horrible à voir. J'étais distante. J'avais peur pour ma soeur. Isaak n'est pas le genre d'homme qu'il lui faut, loin de là. Joshua était le bon, je le sais. Elle a abandonné tellement vite. Je ne pouvais plus garder ce secret bien plus longtemps alors je me suis confiée à Joshua. Oui, parce que tous les deux, nous nous sommes beaucoup rapprochés depuis le départ de Jessie. Je n'éprouve rien pour lui, loin de là. On était aussi pommés l'un que l'autre alors autant se soutenir mutuellement non ?

Le retour de ma petite soeur fut une véritable réjouissance. Cependant, je suis distante et je passe beaucoup moins de temps avec elle. Isaak va la faire tourner en bourrique, je le sais, je le sens. Je reste réservée quant à leur histoire. Je sais que çà ne durera pas longtemps. Et quand le jour viendra où elle se rendra compte de qui il est réellement, je serais là pour la soutenir, comme toujours. Je ne la laisserais jamais tombée. Jamais.