Un jour, lorsque je serai une danseuse modern jazz réputée, chorégraphe célèbre, viendra le moment d'écrire mon autobiographie. Autant s’entraîner maintenant, non ? Faisons un petit tour de ce qui m'a fait ce que je suis aujourd'hui. Rien de dramatique ou de scandaleux, je tiens à vous prévenir dès maintenant. Non.

Je naquis à Jacksonville lors de la lune de miel de mes parents. Vous me direz, quelle drôle de destination .. Mais c'était ici qu'ils s'étaient rencontrés et c'était donc là qu'ils étaient repartis après leur mariage. De nationalité américaine et aux origines peu exotiques, Zoey Mackenzie Gardner, aka, moi, était enfin dans le monde. Mes parents s'aimaient et m'aimaient tout autant, si ce n'était plus. On m'a raconté que j'étais un bébé très moche et très bruyant et que personne ne pouvait rester en ma présence plus de deux minutes, à part mes propres parents. Et même eux perdaient la patience parfois. Passons la partie de mon enfance dont je n'ai pratiquement aucuns souvenirs car ce qui compte au final était que j'étais horrible.

Mon intérêt pour la musique se fit remarquer très tôt, tandis que je fredonnais tout ce que j'entendais. Ma mère mettait ça sur le fait qu'elle me faisait écouter les classiques de la comédie musicale lorsque j'étais encore dans son ventre. Dès que je fus capable de marcher, je dansais. Ma mère eut l'idée de m'inscrire à des concours de danse pour bambins mais ne supportant pas vraiment la compétition à cet âge là, elle abandonna l'idée. A la place, mes parents économisèrent pour me payer une coach de danse particulière qui devint mon modèle. Je voulais devenir comme elle. C'était une femme optimiste et battante, et c'était ce que je voulais devenir. Et à la fin, je réussis.

L'école n'était pas vraiment ce que je préférais. Prenant très à cœur mon rôle d'élève, jeune, on m'accusa d'être une intello et me rejetait. Et puis, jouant la cancre, je découvrais les joies des relations sociales. Mes notes restèrent toujours moyennes sauf lorsque j'étais vraiment passionnée par le sujet. En dehors, je m’entraînais tous les jours après l'école pour la danse et allais chez mes amis. J'avais, il fallait le dire, beaucoup d'amis. Ce fut la même chose au collège et au lycée, à vrai dire.

Mais avec l'adolescence arrivèrent les problèmes des jeunes de mon âge. Je découvrais l'amour et l'attirance, ainsi que mon cœur d'artichaut. Plusieurs peines de cœur plus tard, ma famille et moi déménageâmes à Jacksonville pour de bon. J'arrivais au lycée sans rien en attendre et l'amour me tomba dessus. Je ne sais toujours pas aujourd'hui si j'aurais préféré ne jamais rien ressentir ou si je ne regrettais rien. Nathan fut mon premier (et seul?) grand amour. Il était gentil, drôle, affectueux .. Parfait à mes côtés. Notre relation dura un an jusqu'à ce qu'il soit envoyé en école militaire. Autant dire que je déprimais longtemps avant d'essayer de penser à autre chose.

Il ne m'écrivait pas, ne m'appelait pas. J'ai cru qu'il me trompait et ait décidé de rayer son nom de mon esprit, commençant à sortir avec d'autres garçons. Jamais rien de sérieux. Il revint finalement mais je l'ignorais, c'était plus facile comme ça. J'avais réussi à intégrer la filière de danse de l'université et en étais fière, essayant de m’entraîner le plus possible pour ne pas échouer. Mais à chaque fois que je le croisais dans les couloir, mon cœur faisait un bond.

Il m'adressa la parole et je découvrais l'autre côté de sa personnalité, celui qu'il ne montrait jamais devant moi. Son agressivité, sa violence. Cela me fit peur et je faisais de mon mieux pour l'éviter de plus en plus par la suite. Je ne m'autorisais pas à engager une conversation avec lui. J'entamais une nouvelle relation avec un homme et cela fait maintenant un mois que nous sommes ensemble. Pour être tout à fait honnête, je sais que ce n'est pas l'amour fou. Mais c'est mieux que rien.