Mardi. Jour de cours, rien de plus banal en fait. 6h30 et mon réveil venait de sonner comme chaque matin depuis que j’étais revenue de Jacksonville. Je n’aimais pas les réveils, ma mère me disait souvent que j’étais une fille du soir, je pouvais restée jusqu’à très tard debout mais alors le matin, c’était un sacrifice de me réveiller aussi tôt. Alors c’est d’une mauvaise humeur que je sortis de mon lit pour descendre dans la cuisine. J’enfilais mes chaussons, un peignoir autour de moi, j’attachais mes cheveux en chignon et je descendis les escaliers pour rejoindre ma mère qui prenait son petit déjeuné. Elle me souriait en arrivant alors qu’elle tendait ma tasse de café. S’il y a une chose que vous devez savoir sur moi c’est que le matin je dois boire du café avant que je puisse adresser la parole à quelqu’un. Une fois ma dose de caféine injecté dans mon corps, je retournais dans ma chambre pour aller prendre une douche, m’habillais, me maquiller et prendre mon sac pour aller à la fac. Ma sœur m’attendait dans le hall d’entrée et nous avons prit sa voiture pour aller dans l’endroit que nous adorons tous, nous les jeunes : la fac. En se garant sur le parking, je pris mon sac sur l’épaule et j’avançais vers les amphithéâtres où j’aperçus Isaak qui m’attendait. Pour certains ça serait étrange de savoir qu’on ne dormait pas ensemble mais ma mère était quelque peu vieux jeu et tant qu’elle ne connaissait pas Isaak (le Isaak de maintenant pas le gosse de 7 ans), on ne dormirait pas ensemble. Oui, ça craint. Mais bon, on avait trouvé des astuces et parfois je ne dormais pas à la maison, alors… Alors que j’étais en train de l’embrasser, j’aperçu certains de ma classe à entrer dans la salle, ce qui me fit comprendre que j’avais mit un temps fou dans la salle de bain et que nous étions en retard. Croisant du regard Joshua qui au passage, me fusillait du regard, je me détachais d’Isaak pour entrer en cours et…Subir le calvaire de 4 heures de cours…avec un gars qui me déteste comme jamais ! Comme il me l’avait parfaitement fait bien comprendre, il s’était mis dans un coin et moi…de l’autre côté. Sauf que, le sort à décider de s’acharner sur nous et la seule place qui était libre…était celle à côté de lui. Soupirant, je montais les marches pour arriver à ma place où je m’assis sans lui adresser un mot.

๑ well, that's not a good day

J'étais pas motivé ce matin, vraiment pas motivé. C'était dur de me retrouver en cours avec Jessie. J'aurai vraiment aimé qu'elle reste là où elle était. Qu'elle reste avec son mec loin de moi. Au moins, je me portais mieux. Elle avait aucune idée de ce qu'elle déclenchait chez moi. Limite je serai aussi violent que Nathan -bien que ça ne soit pas vraiment possible. Après que mon réveil ait sonné, je me suis lentement dirigé vers la salle de bains pour prendre une douche revigorante et surtout qui me réveillera mieux. Après, c'était direction la cuisine, tout en continuant de m'habiller pour prendre le café matinal. Je n'étais vraiment pas du matin, il me fallait au moins deux tasses pour que ça fasse effet. Une vraie masse inerte, je vous jure.

J'ai trainé un peu dans le canapé, zappant les chaines de musique pendant que je mangeais mes céréales. Je voyais pas Blaze, ça signifiait deux choses : soit il dormait pas ici, soit il n'a pas cours ce matin. Je préfère la première solution, ce qui signifierait que je le verrai à la fac tout à l'heure. Enfin, dans tous les cas, lui il s'est tapé une meuf hier soir. C'était pas ma veine moi. Pas d'humeur = pas de filles. Elles m'ont presque toutes recalées. Enfin, y'en avait bien quelques unes qui auraient bien aimé aller dans mon lit, mais elles étaient moches. Et les moches c'est pas mon truc du tout. Vaut mieux passer la nuit seul plutôt qu'accompagné de thons. Une devise qui s'avère plutôt vraie. Après, elles croient qu'on est en couple, laissez tomber la galère que c'est.

Ce matin, j'étais arrivé un peu en avance, j'ai eu le temps de faire tout ce que je voulais faire. J'ai vu des potes, des frères. Et puis l'heure du cours se rapprochant, j'ai décidé d'aller vers l'amphi dans lequel le cours avait lieu. J'ai croisé Jessie en compagnie de son mec, en train de se bécoter. On se croirait vraiment au lycée... Un regard noir lancé, j'entrais dans l'amphi, me plaçant d'un côté de l'amphi pour que Jessie se mettre de l'autre côté. Seulement, l'amphi s'est bondé assez rapidement et quand cette dernière est entrée, il n'y avait plus de place. Plus de place sauf à côté de moi. Quand elle s'approchait en soufflant, j'en fis de même en décalant mes affaires à son opposé. La prochaine fois, arrête de bécoter ton copain comme une lycéenne, ça t'évitera d'être la dernière en cours. Elle est vraiment idiote des fois. J'aurai du demander à quelqu'un de se mettre à côté de moi pour m'éviter ce calvaire. Le prof entrait alors dans l'amphi, toujours aussi énergétique que d'habitude. Il n'a pas changé depuis toutes ces années et c'est surement mon prof préféré. C'est pour cette raison que je suis à la fac aussi tôt. Alors, aujourd'hui, cours assez spécial. Par binôme, vous allez devoir me rendre un travail. Pas la peine de chercher avec qui vous serez, il s'agit de votre voisin. Je regardais à côté de moi, pas de bol, ils étaient déjà à deux. Je me tournais vers Jessie. De mieux en mieux cette journée... dis-je en murmurant.

Quand j’ai appris que ma mère était malade, immédiatement j’ai voulu revenir à Jacksonville pour être avec elle. Elle était au stade 1 ce qui est plutôt bon signe car la taille du cancer ne dépasse pas 2 centimètres et qu’il ne s'est pas propagé en dehors du sein. Mais je souhaitais quand même être avec elle dans cette épreuve. Mais qui dit revenir ici, dit faire face à certaines personnes qui m’en voulaient toujours dont Joshua. Et le sort à décidé de s’acharner sur nous puisque nous sommes dans les confréries liées mais aussi dans la même classe et donc…j’allais le voir tous les jours, être dans la même pièce que lui plus de 7 heures par jours…Super.

« La prochaine fois, arrête de bécoter ton copain comme une lycéenne, ça t'évitera d'être la dernière en cours. » ; Je le fusillais du regard alors que je sortais mes affaires sur le bureau. « Bonjour à toi aussi. » ; Répondis-je d’un sourire forcé et bien entendu d’une façon ironique. Non mais pour qui il se prenait ? J’étais assez grande pour me comporter comme je le voulais. Et une lycéenne ? Qu’un crétin ! Je suis sure qu’il passait par là avant de se taper une de ses nombreuses pétasses tous les soirs. Et puis j’avais le droit de faire ce que je voulais non ? Je n’avais pas vu Isaak depuis la veille au soir alors l’embrasser n’était pas interdit. Non mais je vous jure celui là… Il m’insupporte. Je levai la tête de mes affaires alors que le prof entrait un sourire aux lèvres. Au moins lui, il était de bonne humeur. Ca en fera un. « Alors, aujourd'hui, cours assez spécial. Par binôme, vous allez devoir me rendre un travail. Pas la peine de chercher avec qui vous serez, il s'agit de votre voisin. » ; Instinctivement je me tournais dos à Joshua pour trouvait quelqu’un d’autre mais, si je devais travailler avec quelqu’un ça sera tout le monde mais pas lui. Un geek, un binoclard, un gros lourd, une lesbienne, une salope…Je n’en avais rien à foutre mais pas lui. Pas ce crétin qui me lançait à longueur de temps des insultes, qui me critiquait à voix haute ou même sur facebook devant tout le monde. Non pas lui. Mais malheureusement c’était trop tard…ils étaient déjà tous prit. «De mieux en mieux cette journée » ; Je me retournai vers lui en levant les yeux au ciel. « Super… » ; Cette journée allait devenir un enfer. Je le sentais.

๑ well, that's not a good day

Quand j'ai appris que Jessie était de retour en ville, je me suis mis bien toute la soirée. Je suis rentré complètement bourré, m'endormant sur le canapé tellement j'étais incapable de monter dans ma chambre. Super ma façon de réagir non ? Enfin, le lendemain et pendant quelques jours après aussi, j'ai séché les cours. Je ne savais pas vraiment si elle reprenait les cours à Jacksonville University, et surtout dans la même matière que moi. Je l'ai appris quand je suis retourné en cours, et qu'elle était assise comme si de rien était dans les rangs de l'amphi. Ça m'avait foutu en rogne ce jour là que dès que le cours était terminé, je suis rentré chez moi, et le soir arrivant je me suis tapé deux filles. Depuis, on s'évite en cours, elle se mettait d'un côté, moi de l'autre. Surtout depuis notre dernière altercation sur la plage où j'ai mis les choses au clair.

Bonjour à toi aussi. Je ne répondais pas. A quoi bon. On allait devoir se supporter pendant quatre heures d'affilées à cause de son bécotage avec l'autre. Je n'avais même pas fait attention au visage qu'elle avait. J'avais compris l'ironie dans le son de sa voix. Raison de plus pour ne pas répondre. Sérieusement, on avait convenu d'une chose et elle savait que notre cours était toujours blindé. Et elle est arrivée en dernière, forcément il n'y aurait pu de place. J'aurai du obliger un autre à se mettre à côté de moi, de préférence un des majors de la promo, même si je me débrouille plutôt pas mal. Et au final, pour ce boulot à deux, je me tape l'ex petite amie, super.

Car oui, monsieur le professeur est d'humeur joviale et a décidé de nous mettre en binôme avec notre voisin. Et il s'est avéré que nos voisins respectifs avaient déjà leurs binômes de fait. Alors ouais, je me tape l'ex en voisine et en binôme de travail. J'entendais quelques secondes après ma réflexion son Super… Je soufflais un bon coup, attrapant la feuille du sujet de travail et la faisant passer derrière moi. Je filais la copie à Jessie. Tu bosses de ton côté, je bosse du mien. On met en commun au dernier moment. Clair, net et précis. Moins je lui parlais, mieux je me portais. Je me mettais alors à me concentrer sur ma feuille, sortant une feuille blanche pour écrire mes réponses.

Je n’étais pas très proche de ma mère avant…A la suite de son divorce avec mon père, elle avait été la pire égoïste qui soit en mettant ma sœur et moi au milieu de tout ça. Elle et mon père était le couple le plus beau que je n’avais jamais vu auparavant et voilà qu’elle se mettait à le critiquer devant nous, à nous inciter à aller chez elle et non chez mon père, qu’on aille même le dire devant le juge. Je l’ai détesté durant cette période jusqu’à que je tombe enceinte. Je pensais sincèrement qu’elle allait me passer un serment comme quoi c’était une idée complètement stupide de décider de le garder, qu’on n’allait pas s’en sortir…finalement elle m’a prise dans ses bras et m’a dit qu’elle serait là, quoi qu’il arrive. Durant ma grossesse elle s’est mise à jouer à la grand-mère modèle, celle qui m’expliquait le déroulement de l’accouchement, des premières semaines quand ma fille sera présente… Et puis là voilà…atteinte d’un cancer. Comme si ce que j’avais subi n’était pas suffisant, il fallait maintenant que ma mère tombe malade. Elle m’avait expliqué dans un mail que c’était un cancer de stade 1 grade 1 ce qui est moins grave que certains autres cancers. Mais je n’ai pas réfléchie, j’ai pris le premier avion et je suis arrivée ici. Bien sûr qu’après ma mère j’ai pensé à Joshua et du fait qu’il allait très mal prendre mon arrivée qui plus est avec un autre homme dans ma vie. Sachant qu’en plus de ça, on allait se voir avec nos amis en communs, se supporter toute la journée comme maintenant, là, tout de suite…

« Tu bosses de ton côté, je bosse du mien. On met en commun au dernier moment. » ; J’attrapais doucement et calmement la feuille qu’il venait de poser sur ma table avant de soupirer. « Et puis quoi encore ? Je veux avoir une bonne note à ce TD alors est ce que ça serait trop demander de garder ta rancune 4 petites heures et qu’on puisse faire ça ensemble ? » Mais qu’un crétin ! Je sortais mon bloc note où je mis une feuille blanche par-dessus. Qu’est qu’il pouvait être enfantin parfois ! « Je te signale que moi aussi je n’ai pas envie de bosser avec toi, pourtant va falloir faire un effort. » Répondis-je sèchement avant de regarder un élève qui me fit signe de parler moins fort.

๑ well, that's not a good day

Il y a cinq ans, je ne me plaignais pas d'être dans le même cursus universitaire de ma petite amie. Aujourd'hui, je suis moins enthousiaste. Malgré le fait qu'on soit assez nombreux dans cette filière, j'avais toujours une chance de finir par devoir faire un travail avec elle. Je ne l'aimais plus, je la détestais. Beaucoup de gens disent qu'il n'y a qu'un pas entre l'amour et la haine. Je le confirme : quand une personne nous déçoit plus que jamais, l'amour peut très vite se transformer en haine. Le peu de sentiments que j'ai encore pour Jessie, c'est une haine inconditionnelle. Elle m'avait brisé, au plus profond. Je n'ai jamais considéré être en couple à l'époque du lycée. J'ai tenté une fois avec Jordane, mais il s'avérait qu'elle n'était pas une âme soeur pour moi. Elle était mon alter égo sexuel. On était compatible à quatre-vingt-dix pourcents. Bon, avec Jessie, on était beaucoup plus haut, elle était vraiment... Mais c'était fini. Toute mon histoire avec Jessie était finie et elle ne pouvait plus compter sur moi. Du tout. Et hors de question d'accepter ses excuses de merde.

J'adorais ces soirées où tout était imprévisible. Un coup tu fais rien et d'un seul coup, un plan t'est proposé et tu sautes sur l'occasion. Tu finis la soirée avec des personnes dont tu ne soupçonnais même pas l'existence. J'adorais tout ça, cette nouvelle vie avec ces nouveaux amis. Ne plus me soucier que de moi et de personne d'autre. Traiter des personnes comme de la merde et tout le tralala. Je me sentais vraiment invincible. Et même si Jessie me traitait d'idiot, que Max me faisait la gueule d'agir ainsi avec Jessie, je ne pouvais pas m'en empêcher. Rien, plus rien ne me touchait. Je voulais simplement vivre, vivre et encore vivre. Avec Blaze, tout ça c'est possible. S'il n'avait pas été là il y a trois ans, j'aurai pu être encore cloîtré dans ma chambre.

Et puis quoi encore ? Je veux avoir une bonne note à ce TD alors est ce que ça serait trop demander de garder ta rancune 4 petites heures et qu’on puisse faire ça ensemble ? Je restais concentré à lire la fichue feuille du sujet. Une fois fait, je me tournais vers elle. Je veux une bonne note, depuis trois ans, je ne fais que bosser et j'ai des bonnes notes. Alors je suis capable de me débrouiller pour ce fichu sujet. Je veux pas parler avec toi alors je reste à bosser, tu fais de même et tout se passera bien. Je me remettais dans ma feuille. Non mais elle a rêvé ou quoi ? Comme si j'allais faire le gentil. Je compte avoir une bonne note aujourd'hui, et ce ne serait pas grâce à elle. Je te signale que moi aussi je n’ai pas envie de bosser avec toi, pourtant va falloir faire un effort. Je me mis à rire jaune. C'était elle qui parlait d'effort ? C'est du foutage de gueule, vraiment. Ne me parle pas d'effort, pas toi. Alors non, pas d'effort pour moi non. Elle n'a même pas été capable de faire le moindre effort il y a trois ans, alors non, qu'elle ne daigne pas me parler de faire des efforts.

Depuis que je suis toute petite, ma mère ne voulait pas que ma sœur et moi aient une baby sitter, c’était bête mais elle ne voulait pas qu’on s’attache à une autre dame qu’elle et surtout qu’elle rate notre les étapes de notre enfance… Si bien que parfois, elle nous emmenait sur son lieu de travail qui variait entre des défilés, des shootings… J’ai toujours eu le plaisir de dire que j’ai grandis dans la mode. Alors depuis mes 6 ans je rêve de créer mes propres vêtements, avoir mon propre magasin… J’ai commencé par prendre des cours de dessins au collège où je me trouvais plutôt bonne d’ailleurs mais je compris vite qu’être diplômé en art n’allait pas m’aider dans mon projet de créer ma propre entreprise. Alors en grandissant, je me suis tournée vers le marketing, la gestion, la comptabilité et tout ce qui passe…. Ca me plaisait d’autant plus que la première année j’ai rencontré Joshua et honnêtement, être en cours avec son copain…c’est plutôt sympa. Oui mais voilà, il y a eu notre séparation et depuis c’est devenu un calvaire…Pour lui comme pour moi.

« Je veux une bonne note, depuis trois ans, je ne fais que bosser et j'ai des bonnes notes. Alors je suis capable de me débrouiller pour ce fichu sujet. Je veux pas parler avec toi alors je reste à bosser, tu fais de même et tout se passera bien. » ; Je le fusillais du regard. Il croyait quoi ? Que je roulais mes pouces pendant les cours ? Imbécile ! « C’est vrai que je suis comme la peste. Moins tu me parles, mieux tu te portes pas vrai ? » ; A vrai dire ça ne demandait pas de réponse. Il ne voulait plus me parler, ne plus avoir affaire à moi, j’étais une inconnue maintenant. Notre relation, ma grossesse, nos moments tout ça, il avait oublié. « Ne me parle pas d'effort, pas toi. Alors non, pas d'effort pour moi non. » ; Je relevai la tête en soupirant. Il m’insupportait c’était pas possible. Il croyait quoi ? Que j’étais fière d’être partie comme ça ? Non mais insupportable celui-là. « Oh tu vas remettre le tapis le fait que je suis une mauvaise fille, une lâche et une égoïste qui t’a laissé comme une merde ? Je suis peut-être blonde Joshua mais, je n’ai pas oublié. » Je repris mon stylo m’apprêtant à écrire la réponse de la première question avant de lâcher un gros soupir. « Tu sais quoi ? Vu que tu ne peux pas mettre ton égo de côté, débrouille toi tout seul. » Je croisais les bras, fatiguée par son comportement mais bien déterminée à ce qu’on travaille ensemble, comme des grands.

๑ well, that's not a good day

J'ai toujours pu compter que sur moi même. Mère morte à ma naissance, père absent qui ne voulait rien avoir affaire à moi. Pour moi, c'est considéré comme une enfance comme les autres, j'ai toujours été normal. Bien sur, certaines personnes étaient tout de suite désolées quand elles apprenaient que ma mère était morte. Mais après tout, il suffit qu'on parle d'un décès pour que les personnes changent du tout au tout. Mais ce n'est pas le sujet là. Sérieusement, je trouve m'en être plutôt bien sorti sans parent. Bien sûr, j'ai eu des nourrices. Mon père aurait trop culpabilisé de me laisser seul à la maison alors que je n'avais même pas l'âge de marcher ou de parler. Dans toutes les situations que j'ai vécu, malgré l'absence de mes parents, j'ai toujours réussi à survivre. Même quand j'ai quitté Los Angeles pour venir ici, à Jacksonville. Même quand j'ai appris que j'allais être papa. Même quand on a pris la décision de ne plus l'être. Même quand elle a décidé qu'on aurait plus d'avenir tous les deux.

C’est vrai que je suis comme la peste. Moins tu me parles, mieux tu te portes pas vrai ? T'as tout à fait deviné ouais. Alors ne me parle plus. Bon, je n'étais pas forcément obligé de répondre à ça mais j'en avais envie, qu'elle sache clairement -au cas où ce n'était pas déjà le cas- qu'elle n'avait plus sa place dans ma vie. Non pas que toute notre histoire ait été oubliée aussi facilement. Je me souviens parfaitement de tous les bons souvenirs qu'on a pu avoir quand on était ensemble. Mais elle a tout détruit en partant et repenser à tout ça sans la partie où elle m'a quitté, ce n'était pas possible. Je ne pouvais pas, je n'y arrivais pas. Alors non, je n'ai pas oublié, mais j'ai décidé de tout ignorer. Puis elle me parlait de faire des efforts, et ça je n'acceptais pas, vraiment pas. Hors de question qu'elle, elle me dise de faire des efforts. Oh tu vas remettre sur le tapis le fait que je suis une mauvaise fille, une lâche et une égoïste qui t’a laissé comme une merde ? Je suis peut-être blonde Joshua mais, je n’ai pas oublié. Je me mis à rire dans ma barbe. Je le remets pas sur le tapis, je dis juste que t'as pas à me dire de faire des efforts, c'est tout. Je me concentrais à nouveau sur ma feuille, écrivant les réponses sur ma feuille. Merde quoi, elle peut pas se taire deux minutes qu'on puisse bosser en paix. Il fallait absolument qu'elle fasse un commentaire à tout ce que je dis. Les femmes je vous jure. Tu sais quoi ? Vu que tu ne peux pas mettre ton égo de côté, débrouille toi tout seul. Tu sais quoi ? C'est ce que je comptais faire. Je me décalais un peu à son opposé et me remettais à travailler sérieusement, priant par la même occasion pour qu'elle ne me fasse plus chier.

Je me souviens encore le jour où mon père m’a proposé de venir en Italie avec lui. Ma mère m’avait prévenu que c’était une mauvaise idée, que tôt ou tard j’allais le regretter. Et elle avait raison. Elle était toujours de très bon conseil, rien qu’à voir la façon dont elle se comportait avec moi lors de ma grossesse, dont elle se comportait avec Joshua…Elle était parfaite. Et maintenant, allez savoir pourquoi, elle est malade, elle qui n’a jamais rien demandé à personne. Alors oui certes, elle a été une vraie garce lors du divorce avec mon père, m’obligeant ma sœur et moi à choisir entre elle et mon père…Mais tout ça c’était du passé. Maintenant j’étais avec elle, avec ma sœur et on allait lutter contre cette maladie de merde.

« T'as tout à fait deviné ouais. Alors ne me parle plus. » ; Je pris une grande respiration, fatiguée. Ce n’était même pas un jeu du genre chat et de la souris, c’était pire. On ne pouvait pas avoir une discussion calme et posée non, c’était des reproches, des reproches ET des reproches. « Manque de chance, on est en cours ensemble ET on doit travailler alors tu ferras avec. » ; C’était trop demander de se calmer le temps qu’on soit en cours ? Il pouvait très bien passer sa rengaine une fois terminé, sur facebook ou même en face. « Je le remets pas sur le tapis, je dis juste que t'as pas à me dire de faire des efforts, c'est tout. » ; « Pourquoi ? C’est tellement difficile pour toi ? » ; On n’était pas des gamins franchement ! Et alors que je venais de lui dire que je laissais tomber, il se mit à être d’accord…Qu’un crétin ! « Tu sais quoi ? C'est ce que je comptais faire. » ; « Parfait ! » ; Je croisais les jambes, les bras, avant de taper du pied contre mon bureau sous un rythme rapide. Je me mis à compter les tables à côté de moi jusqu’à que le mur arrive, les tables en face de moi jusqu’à que le bureau du prof arrive, à regarder le cadran de l’horloge avant de pousser un long soupire. Il avait tellement changé si bien que j’avais du mal à me souvenir du Josh du temps de notre couple. Celui qui me souriait, me parlait calmement, me faisait rire… Non, maintenant j’avais le droit à un Josh méchant et narquois. « T’es vraiment pas croyable comme type ! » ; Me suis mis-je à dire en chuchotant alors que le professeur me fusillait du regard. « Ca va être comme ça jusqu’à combien de temps ? Tu penses sincèrement me détester pour toujours ? » ;

๑ well, that's not a good day

Quand je me suis ouvert à Jessie, c'était parce que je pensais qu'elle était la bonne. Celle avec qui j'aurai des enfants, avec qui je me marierai et avec qui je finirai ma vie. On a eu un coup de foudre dès les premiers instants où nos regards se sont croisés. On a très vite commencé une relation amoureuse, tout allait pour le mieux entre nous. Il y avait bien sûr quelques disputes de temps en temps mais rien de bien dramatique. L'amour est semé d'embuches et on était supposé les surmonter toutes. Enfin, ça n'incluait pas la perte d'un enfant même pas né, suite à notre décision de ne pas le garder quand on a su qu'il était atteint d'une maladie très grave. Elle est partie et suite à ça, j'ai du me refermer à toutes les autres femmes. Hors de question de m'ouvrir à nouveau si c'est pour souffrir de la façon dont j'ai souffert.

Manque de chance, on est en cours ensemble ET on doit travailler alors tu feras avec. Impossible qu'elle me laisse en paix je crois bien. Je vais devoir me la coltiner pendant les quatre prochaines heures. Le temps va être long... très long. Je lui faisais effectivement des reproches mais elle les mérite, ok ? Elle n'a pas le droit de ne pas en avoir, pas après tout ce qui s'est passé. Pourquoi ? C’est tellement difficile pour toi ? Tu veux vraiment savoir ? Question stupide, réponse stupide. Bon, à vrai dire je répondais par une question mais c'était aussi stupide. Puis quand elle me dit de me débrouiller, j'acceptais volontiers. Je ne voulais que ça après tout. Parfait !

Je me concentrais alors, me mettant à travailler sur la feuille. J'écrivais, répondant aux différentes questions posées. J'avais mon cours à côté, dans lequel je jetais un coup d’œil de temps en temps. Elle, je savais qu'elle ne bossait pas, j'entendais son pied tapoter contre la table rapidement. J'imaginais sa tête parcourir la salle. Mais je m'en fichais, je bossais et elle devait en faire de même si elle souhaitait réellement sa bonne note. T’es vraiment pas croyable comme type ! Si tu le dis... que je marmonnais dans ma barbe alors que je continuais de bosser. Merde quoi, elle pouvait pas s'en empêcher. C'est elle qui n'est pas croyable. Ça va être comme ça jusqu’à combien de temps ? Tu penses sincèrement me détester pour toujours ? Je soupirais, posant mon stylo sur ma feuille. Je me tournais vers elle, me mettant à chuchoter. Franchement, je ne sais pas. Tant que je verrai toujours celle qui m'a brisé quand je te vois, je resterai comme ça. Maintenant, tu bosses si tu veux une bonne note, sinon je l'aurai tout seul. Je reprenais mon stylo et je me mettais à écrire à nouveau.

J’aurai tellement voulu faire machine arrière par moment, c’est vrai, soit celle de n’avoir jamais rencontré Joshua, ou celle de ne jamais avoir été enceinte ou encore ne jamais être partie d’ici. Parce que sérieusement, j’en avais plus que marre de cette situation. Non pas qu’être la méchante dans l’histoire me dérangeait (bien qu’en fait si, un peu), ni celle d’être montrée du doigt comme étant la jeune fille qui a perdu son bébé et qui a fuit en s’exilant en Europe non, c’était cette situation. Celle là, celle que j’avais avec Joshua. Je comprenais le fait qu’il puisse m’en vouloir, en même temps après ce que je lui avais fait c’était normal, c’était juste tout ça, cette méchanceté en lui et contre moi. Je savais que ça allait être dur mais je n’imaginais pas ça comme ça. C’était toujours plus facile de penser que ça va faire mal plutôt que d’être présente et tout recevoir dans la gueule.

« Tu veux vraiment savoir ? » ; Je relevais la tête en le fusillant du regard. « Laisse tomber… » ; Je soupirai, de toute façon c’était une discussion sans fin. Je pouvais toujours courir de mon image où lui et moi on pouvait parler tranquillement, de nos points de vues respectifs…Ouais c’était beau de rêver. « Si tu le dis.. » ; « Ouais je le dis » ; Et c’était vrai. Insupportable oui, c’était le mot. Il ne pouvait pas juste se calmer, au moins le temps qu’on puisse faire notre devoir ? Mais non, monsieur ne pouvait pas ! « Franchement, je ne sais pas. Tant que je verrai toujours celle qui m'a brisé quand je te vois, je resterai comme ça. Maintenant, tu bosses si tu veux une bonne note, sinon je l'aurai tout seul. » ; J’ouvris doucement la bouche, ahurie. « Celle qui t’a brisé ? Oh ça va ! Rien qu’à voir tes messages, tu vas parfaitement bien. Toi, les filles, la bouffe et le sexe c’est toute ta vie et tu clames haut et fort que tout va bien pour toi. T’es loin d’être malheureux et brisé. » ; Non mais c’est vrai quoi ! Il se montrait heureux sur facebook, il faisait que parler de cul, de ses nombreuses filles qu’il mettait dans son lit, une ou deux filles, blondes ou brunes… Qu’il n’était pas compliqué quoi ! Bref, il était loin d’être un mec brisé par une fille ! Je repris ma place, arrêtant de chuchoter et je me suis mise à lire mon énoncé, prenant un stylo pour écrire la première question.

๑ well, that's not a good day

Avec des "si", on mettrait Paris en bouteille. Oh que j'aimerai ça moi. Avec pleins d'autres choses avec. Du genre ne pas souffrir comme je souffre en ce moment, n'avoir jamais vécu la mort de mon enfant, la dépression de ma copine, son départ. Même si je ne le montrais pas, je souffrais encore de tout ce qui s'est passé. Et le fait que Jessie soit de retour à Jacksonville, ça remontait tout d'un coup, et encore pire puisqu'elle est en couple avec ce mec là, qui fait plus figuration qu'autre chose. J'avais tout un tas de sensations, de sentiments en moi quand je repensais à tout ça. C'était principalement de la colère, de la rancœur. Mais au fond, il y avait de la jalousie... surement un peu d'amour aussi. Un restant de sentiments de ce que nous avions quand nous étions encore ensemble.

Laisse tomber… Bon alors ça, c'était fait. Sérieusement, elle se sent toujours obligée de parler. Déjà que c'était le cas il y a plusieurs années, c'est pas allé en s'arrangeant, vraiment. Encore une fois, elle me sortait de ma concentration de mon boulot pour parler. J'ai regardé ma montre, six minutes, pas plus. Elle a pas pu tenir plus de six minutes sans me parler. Ouais je le dis Mais je continuais d'être concentré sur ma feuille. L'heure tournait, et j'étais le seul qui bossait là, ce qui avait tendance à m'énerver un peu plus à chaque minute qui passait. Celle qui t’a brisé ? Oh ça va ! Rien qu’à voir tes messages, tu vas parfaitement bien. Toi, les filles, la bouffe et le sexe c’est toute ta vie et tu clames haut et fort que tout va bien pour toi. T’es loin d’être malheureux et brisé. Je soupirais fortement, posant mon stylo sur ma feuille et me tournant vers elle. Tout en chuchotant, je me mis à m'énerver.

Tu ne sais rien de moi ok ? plus rien depuis le jour où tu es partie ! Tu crois que tu le sais en voyant sur facebook toute mes petites aventures avec des filles ? T'as jamais pensé à un masque, une carapace que je me suis créé ? Tu crois que je me suis rétablis de ton départ ? Tu te mets le doigt dans l’œil Jessie! Et bien! Je vais pas bien, l'alcool que j'ingurgite plusieurs fois par semaine c'est parce que je vais mal merde! Alors maintenant, tu te la fermes et tu te mets à bosser en silence ! Je me mis à souffler, reprenant mon stylo tout en la regardant avec le regard énervé. Ok, je m'étais dévoilé et pas qu'un peu, mais elle m'avait énervé et j'avais pas pu me retenir. Elle avait intérêt à bosser, sinon je me barre de ce cours.

Bon ok, s’il faut que vous sachiez quelque chose sur moi…Mise à part que je suis adorable, gentille, rigolote, et parfois jalouse, chieuse aussi m’enfin bref, une chose chez moi qu’il faut savoir c’est que je parle beaucoup. Genre…vraiment beaucoup. C’est plus fort que moi, je n’aime pas le silence. Je trouve ça pesant à la longue, c’est vrai quoi, qui aime le silence ? Moi pas. Alors je me mets à parler, de tout et de rien, de la pluie et du beau temps. Ou sinon, je parle quand je panique, quand je stress ou quand quelque chose, comme ici, m’insupporte il faut que je parle. Faire semblant qu’il ne se passe rien alors qu’il y a un problème, ce n’est pas moi. J’étais un vrai moulin à paroles et je l’assumais entièrement ! « Tu ne sais rien de moi ok ? plus rien depuis le jour où tu es partie ! Tu crois que tu le sais en voyant sur facebook toute mes petites aventures avec des filles ? T'as jamais pensé à un masque, une carapace que je me suis créé ? Tu crois que je me suis rétablis de ton départ ? Tu te mets le doigt dans l’œil Jessie! Et bien! Je vais pas bien, l'alcool que j'ingurgite plusieurs fois par semaine c'est parce que je vais mal merde! Alors maintenant, tu te la fermes et tu te mets à bosser en silence ! » ; Et le prix de « je me sens conne parce que je suis conne » m’est décerné ! Pour être honnête, je ne pensais pas qu’il pouvait souffrir autant. Au début surement, vu la colère qu’il avait contre moi mais je ne me doutais pas qu’elle était toujours aussi présente. Un masque ? Une carapace qu’il s’était forgé ? Je n’y avais pas pensé et pourtant c’était le cas puisque je pensais vraiment qu’il allait bien…Il avait cette colère certes mais je pensais que c’était juste de la rancœur contre moi. « Oh… » ; Constructif n’est-ce pas ? Je me redressais regardant ma copie relisant les premières lignes que j’allais connaitre à force par cœur. J’aurai voulu lui parler, vraiment mais ce n’était ni le lieu, ni le moment. Rien qu’à voir la façon dont il me regardait « Je sais que t’en veux pas de mes excuses mais je voulais vraiment pas te faire souffrir. » Il l’avait dit par lui-même, j’ai été égoïste en ne pensant qu’à moi, j’étais partie parce que j’avais mal et je n’avais pas pensé assez à Joshua… Je pensais qu’après la première année il irait mieux, il aurait rencontré une autre fille, il aurait été amoureux d’une autre mais pas…ça. Je baissais alors la tête tout en commençant à rédiger ma première réponse, enfin.

๑ well, that's not a good day

Impossible de passer outre tout ce qui s'était passé, même pour un fichu devoir. Elle pouvait toujours se mettre le doigt dans l'oeil si j'envisagerais ne serait-ce qu'une fois de lui faciliter la vie. Elle n'a pas facilité la mienne à ce que je sache, alors je ne vois pas pourquoi je lui ferais ce petit cadeau. Qu'elle le demande encore et encore ne changera rien. Elle doit souffrir pour ce qu'elle m'a fait subir, un point c'est tout. Ok, elle n'a pas eu le même point de vue que moi quant à la perte de notre bébé, certes. Mais ce n'était pas une raison pour me quitter de cette façon, aussi lâchement, comme une vieille chaussette. En ayant marre de tout, de son inactivité quand à notre devoir, de sa prise de parole incessante alors que je lui demandais de la fermer, je me suis mis à lui répondre franchement sur ma façon de voir les choses, sur la réalité des choses. Car oui, pour moi, tout n'était pas tout beau tout parfait, même si je le faisais croire à tout le monde. J'allais mal à cause d'elle, j'arrivais toujours pas à me remettre de notre rupture. Alors non, ça n'allait pas et je le lui faisais bien comprendre.

Oh… Oui oh. Enfin elle comprenait ma situation et j'espérais vraiment qu'elle arrête de me faire chier comme elle n'arrêtait pas de le faire depuis qu'on a été malgré nous mis ensemble pour ce devoir de merde. Elle ne savait plus où se mettre et c'était bien fait. Je continuais à bosser de mon côté et j'espérais qu'elle en fasse de même sans dire quoique ce soit de plus de tout le temps qui nous était accordé. Je sais que t’en veux pas de mes excuses mais je voulais vraiment pas te faire souffrir. Trop tard. Je n'ajoutais rien de plus. Qu'elle se mette à bosser, ça m'aidera surement à avoir une bonne note. J'en avais rien à faire de ses excuses, de ses états d'âme ou autres trucs de ce genre. J'en avais plus rien à faire d'elle. Je ne voulais certainement plus souffrir par sa faute.

Concentré sur mon devoir, j'étais à fond. J'avais répondu à une grande partie des réponses. Jessie ne parlait plus maintenant, elle s'était mise à travailler depuis mon coup de gueule, qui avait eu lieu il y a plusieurs dizaines de minutes maintenant. Je jetais un coup d’œil vers elle de temps en temps pour vérifier qu'elle continue de bosser, puis je me remettais au travail. Le professeur passait de temps en temps dans les escaliers de l'amphithéâtre pour regarder ses élèves travailler puis se remettait à son bureau pour lire sa revue. Pour l'instant, tout se passait pour le mieux, tant que Jessie ne disait plus aucun mot, on travaillait convenablement et j'espérais vraiment avoir une bonne note.

Quand j’étais en Italie je me demandais ce qui pouvait bien se passer à Jacksonville. J’aurai voulu que ma mère puisse se trouver quelqu’un, que ma sœur puisse se trouver un petit ami et qu’elle soit heureuse, je savais bien qu’elle souffrait depuis mon départ et ça me désolait complètement si bien qu’un petit ami aurait pu lui changer les idées. J’aurai voulu que mes amis puissent trouver quelqu’un dont ils seraient éperdument amoureux et enfin j’aurai voulu que Joshua aille bien. Après tout, il était aussi le père de notre enfant. La douleur était sans doute moins forte vu qu’il n’avait pas vraiment senti notre fille vivre contrairement à moi où je l’ai sentie bouger, me donner des contractions, grandir en moi…Mais, elle était quand même là. Pas physiquement parlant mais elle était là. Et quand nous avions décidé d’interrompre cette grossesse, il a perdu aussi sa fille, tout comme moi. J’en avais bien conscience, c’était juste que la douleur, ma tristesse, m’avait fait oublié ça, je n’avais pensé qu’à moi. Egoïste ? Très probablement. Mais c’était fait. J’étais partie, il avait souffert, il m’en voulait, j’en subissais les conséquences.

Je ne pensais pas qu’il souffrirait autant. Peut-être au début, oui. Mais pas trois ans après. Surtout pas après avoir vu ses commentaires où il prétendait aller bien, parce que j’y avais cru. Lui qui mettait en avant ses exploits sexuels avait en fait une carapace. « Trop tard. » ; « Hum… » ; Je baissais la tête et acceptais enfin de travailler. Je voulais vraiment avoir une bonne note et réussir mon année déjà que j’avais faillit redoubler avec la perte de notre fille en restant cloitrée chez moi…Cela faisait plus d’une dizaine de minutes que j’avais décidé d’arrêter de parler pour me concentrer sur mon boulot, il n’était pas très compliqué donc je n’avais aucune difficulté à répondre aux questions…Je sentais son regard se posait sur mois quelques fois, mais je ne disais rien, je continuais d’écrire.

« J’ai terminé. » ; J’avais vu certaines de ces questions en Italie en début d’année, les questions étaient évidentes pour moi. Je mis mon stylo dans ma trousse regardant Joshua et sa copie, il avait l’air de bien avancer alors j’ai croisé les bras en attendant. Je me mis à repenser à ce qu’il m’avait dit : qu’il allait mal, qu’il buvait par ma faute…S’il buvait, il se droguait peut-être ? Mais s’il buvait, peut-être qu’à force il était accro ? « Ma mère m’a dit que tu es allais la voir souvent depuis qu’elle a apprit son cancer…Ca lui fait plaisir. » ; Pourquoi je sortais ça moi ? Hors contexte. Mais elle faisait que me rabâcher à quel point qu’il était gentil avec elle, même après ce qui s’était passé… et je me doute qu’avec mon retour, il allait la voir moins souvent. C’était même certain. Et puis je me suis mise à relire ma fiche, regardant de temps en temps où il en était…Mais sa phrase ne faisait que se répétait dans ma tête. Qu’il allait mal, l’’alcool, les filles, sa carapace… ca me travaillait mais je devais me taire sinon il allait gueuler… et merde ! « Ecoute… » ; C’était plus fort que moi. J’allais me faire engueuler, encore mais tant pis. «Je sais que tu vas mal…Et crois-moi je suis désolée mais tu devrais passer à autre chose, je veux dire si m’engueuler ça t’aide, ok c’est parfait, mais tombe pas dans l’alcool ou dans un autre truc merdique.… »

๑ well, that's not a good day

Je mentirais si je disais ne jamais avoir pensé à Jessie, à sa vie de l'autre côté de l'Atlantique pendant ces trois dernières années. A vrai dire, je crois que j'y pensais plus que je ne veux l'admettre. Je nourrissais cette colère, rancœur contre elle pour masquer le fait qu'elle me manquait. C'était indéniable, vraiment indéniable qu'elle me manquait. Mais je ne pouvais pas lui montrer. Pour cette raison, je faisais ressortir tout contre elle. Ma méchanceté, mes insultes. Tout. Je me protégeais d'elle pour ne plus souffrir à nouveau et pour me guérir du manque qu'elle a créé en moi. La perte de notre fille, on devait le surmonter ensemble, et non pas séparément, comme elle a choisi de le faire. Elle n'est pas partie par amour non. Elle est partie par égoïsme pur et dur.

Après lui avoir fait part de mes sentiments les plus profonds quant à la situation actuelle, je m'étais remis au travail et j'espérais bien qu'elle en avait fait de même. Hum… Ça m'énervait de la voir parler au lieu de travailler, surtout qu'il fallait rendre ce devoir le plus vite possible et comme ça je pouvais m'éloigner d'elle le plus vite possible également. Malgré mon travail concentré, je la regardais de temps en temps pour m'assurer qu'elle travaillait elle aussi. Je ne pouvais pas m'en empêcher. Je suivais ce cours depuis la première année et je savais comment ça fonctionnait. Elle avait peut-être pu continuer le marketing dans son université en Italie, ici c'était différent et elle avait intérêt à donner des réponses justes et structurées comme le prof les aime.

J’ai terminé. J'avais également terminé mais je me concentrais sur mes réponses, me relisant, me corrigeant quand ce n'était pas assez rigoureux. J'aimais faire du travail propre et impeccable. Au moins, j'étais certain d'avoir une bonne note de cette façon. Ma mère m’a dit que tu es allé la voir souvent depuis qu’elle a appris son cancer…Ça lui fait plaisir. C'est le but... je la considère un peu comme ma mère. Je n'avais pas relevé la tête, continuant de bosser sur ce devoir, finiolant les dernières réponses. Je disais vrai, je n'avais jamais eu de mère et sa mère... elle s'en rapprochait le plus pour moi. Elle avait toujours été là pour moi alors je lui rendais la pareille dans cette épreuve qu'elle traversait. Écoute… Je sais que tu vas mal…Et crois-moi je suis désolée mais tu devrais passer à autre chose, je veux dire si m’engueuler ça t’aide, ok c’est parfait, mais tombe pas dans l’alcool ou dans un autre truc merdique… Je soufflais, rangeant mes affaires. Tiens, termine toute seule. Je lui tendais ma feuille, ne répondant même pas à ce qu'elle me disait, j'en avais juste marre d'être à côté d'elle et de subir toutes ses paroles. Alors je m'en allais, descendant l'allée de cet amphithéâtre. Elle avait ma feuille terminée, elle n'avait qu'à mettre mes réponses ou un mix des deux feuilles sur la feuille finale.