« Tiens toi droit ! » Je soupirais, ce qui me donna le droit à un regard noir de mon père. Quoi ? J’avais plus le droit de respirer non plus ? Et puis, qu’est-ce que j’en avais à faire de cette réception débile ? Tout ça parce que mon père voulait montrer qu’on était une famille unie.. Tu parles ! On était une famille quand ça l’arrangeait, entre une réunion et un voyage d’affaire. On a pas idée de trainer son gosse de 13 ans à une conférence de ce genre ! Je regardais autour de moi. Il n’y avait personne qui était susceptible d’avoir mon âge. La personne la plus jeune devait avoir quoi.. 20 ans ? Les enfants de tous ces adultes avaient de la chance.. Moi, mon père m’avait trainé jusqu’ici, sous prétexte que c’était important. C’est alors qu’un couple de quadragénaires arriva jusque nous. La femme semblait plutôt gentille, elle me regardait avec un grand sourire. Ils parlèrent avec mon père, de tout et de rien. Ils en vinrent à parler d’une des filles du couple, la plus jeune je crois. Elle avait 13 ans également et elle venait de sauter deux classes. « Vraiment ? Moi, mon fils n’en a sauté qu’une seule.. Si seulement il faisait plus d’efforts ! » Je levais les yeux au ciel. De toute façon, ce n’était jamais suffisant pour lui, il en voulait toujours plus. J’avais toujours le droit à ce genre de remarque. Il sous entendait que je ne travaillais pas assez, ou pire alors, que j’étais un incapable. Je passais pourtant tout mon temps à travailler, voulant le rendre fier de moi. Sauf que c’était jamais assez alors.. J’essayais de ne pas faire attention, mais je n’y arrivais pas. Alors, durant toute la soirée, je me suis contenté de sourire et de répondre poliment aux rares questions qu’on me posait, restant silencieux le reste du temps.


« Va te faire foutre Hepburn ! Tu m’énerves.. Décoinces toi un peu merde ! » J’arquais un sourcil. Non mais pour qui elle se prenait elle, pour me parler comme ça ? Quelle hystérique et surtout, quelle emmerdeuse. Elle voulait absolument que je fume son joint, sans que je sache pourquoi. J’avais pas envie, il était où le problème ? « J’ai pas que ça a foutre Novalee ! J’ai des examens à réviser, mon père va me tuer si j’ai pas la mention très bien.. » De toute façon, même si je l’avais.. Ca ne servirait pas à grand-chose, il serait sans aucun doute de nouveau insatisfait. Je soupirais, fermant mes bouquins, vaguement énervé par cette pensée. Je fixais le joint quelques secondes. Bon allez, j’allais pas mourir.. J’avais 16 ans et j’avais encore jamais goûté à ce genre de chose. Les nouvelles expériences sont toujours bonnes à prendre, non ? Voyant mon hésitation, Novalee prit la parole, dans le but de me convaincre. « Tes parents ne le sauront jamais.. Juste une taffe et si t’aimes pas, j’te promets que j’insiste pas ! » Je lui jetais un dernier regard. J’allais pas devenir dépendant avec une taffe, alors autant essayer, pour ne pas mourir idiot. « Bon, d’accord.. C’est juste pour essayer ! » dis-je en prenant le joint. Un sourire apparu sur ses lèvres. J’en tirais une taffe, doucement. Et c’est là que tout commença.


« J’suis fatiguée. On rentre ? » me demanda Novalee. Je la regardais, étonné, avant de jeter un bref coup d’œil à ma montre. Il n’était que deux heures du matin, j’allais pas partir si tôt ! Je hochais négativement la tête. « T’as cours demain ! » « J’y irais pas. » Elle me regarda, feintant l’étonnement, sachant très bien que c‘était faux. Bon, ok, j’y irais en fait. Même si j’aurais sans doute une belle gueule de bois, je pouvais pas louper un cours de droit, ne serait-ce qu’à cause de mes parents. A leurs yeux, j’étais toujours le fils modèle, qui passait sa vie dans ses livres. Si je voulais qu’ils continuent à subvenir à mes besoins, ils ne devaient pas savoir que je passais, en fait, ma vie à faire la fête, au point de ne pas aller en cours. C’est pourquoi j’évitais de trop sécher. « J’aime pas ce que t’es devenu.. » « C’est ce que tu voulais, non ? » répliquais-je immédiatement. Après tout, c’était elle qui m’avait entrainé la dedans en quelque sorte. Elle m’avait fait connaitre les joies de la fête et sans elle, je serais sans doute encore cet intello coincé qui voulait absolument plaire à ses parents, au point de sacrifier sa jeunesse pour devenir meilleur. « T’es vraiment trop con.. Eclate toi bien avec tes pouffes en chaleur, on s’voit demain. » lança mon amie avant de faire demi-tour. Je crus discerner de la jalousie dans sa voix, mais rapidement, je m’enlevais cette idée de la tête. On parlait de Novalee là ! Je secouais vaguement la tête, comme pour me reprendre. Reprenant une bière, je retournais sur la piste de danse, retrouvant la jeune femme que j’avais laissé l’espace de quelques secondes et qui, certainement, finira la nuit dans mon lit.