La journée est déjà déclinante, l’après midi presque terminé pourtant, le soleil est encore bien haut dans ce ciel de Floride. Après avoir chargé ses achats dans le coffre de sa voiture, il manœuvre pour sortir du parking, direction Westside. C’est plutôt rare qu’il fasse des courses en pleine journée comme ça, normalement, il est encore dans les locaux de l’Agence et il serait face à de la paperasse ou bien à un écran d’ordinateur, mais un stupide accident de la route l’a obligé à lever le pied sur le boulot. Plus de déplacements, en fait deux bonnes semaines d’arrêt complet le temps de se remettre en forme, autant dire un véritable enfer pour lui qui ne tient pas en place et déteste l’oisiveté par-dessus tout. Mais le patron avait été formel, malgré les protestations d’Adam, arguant que deux côtes cassées et une fracture du fémur n’avaient jamais empêché personne de mener une vie normale... presque. Il avait fini par se rendre, à contrecoeur et avait pris son mal en patience.
De retour chez lui, après avoir rangé les courses, il décide de s’installer devant la télé. Jamais il ne l’aura autant regardée. D’habitude, c’est juste pour le bulletin d’informations – bulletin qui passait d’ailleurs en continu sur les écrans géants de son lieu de travail. N’ayant rien d’autre à faire, il avait donc passé en revue un certain nombre de programmes : depuis les documentaires animaliers jusqu’aux films d’action vus et revus, sans oublier les quelques séries débiles à la mode.
Son portable se met à sonner. Immédiatement, il l’attrape pour décrocher, mais prend d’abord le temps de couper le son de la télé. Ça tombe bien, c’était un film sans intérêt. Le nom qui s’affiche sur l’écran, il le connaît bien... C’est Casey. Depuis qu’Alice & lui se sont séparés, enfin, depuis qu’elle a obtenu son divorce, elle a pris une importance croissante dans sa vie, de façon très naturelle, presque imperceptible, mais irrémédiable. Il décroche mais la qualité de la communication est merdique et ils sont coupés. Il rappelle. Un sourire apparaît sur ses lèvres. C’est plutôt rare, mais souvent, elle est dans le coup. La conversation est brève. Après avoir raccroché, il se lève et range deux trois affaires pour que l’appartement ne paraisse pas trop en chantier... C’est que depuis qu’il y est toute la journée, c’est devenu le souk, il a eu le temps de se lancer dans tout un tas de petits travaux pour passer le temps et du coup, y’en a partout. Des papiers, des bouquins, une vieille maquette de bâteau qu’il n’avait jamais eu le temps de terminer...
Un peu plus tard, le salon a repris une forme un peu plus décente, il n’y a que les poubelles qui n’ont pas été descendues, tant pis, ça sera pour demain. La sonnette retentit. Elle n’a pas perdu de temps. Il se dirige vers la porte, boitillant encore un peu, mais il en a vu d’autres. « Salut p’tite sauterelle.. »lance-t-il taquin. Lorsqu’elle était plus jeune, il l’avait surnommée ainsi parce qu’elle ne savait pas rester plus de deux secondes d’affilée au même endroit. Ça n’avait pas tellement changé...