Tout à commencé quand il n'était âgé que de quatre ans. Sa mère a accouché d'une petite fille, Charlie. Depuis ce jour, ces deux-là n'ont jamais cessé de s'aimer. Le frère et la soeur que tout le monde enviait. Plus soudés que quiconque sur cette planète, ils étaient toujours fourrés ensemble et ont fait les quatre cent coup tous les deux. Ils s'aimaient, s'aiment et s'aimeront pour toujours. Quand ils ont perdu leur mère dans un accident de voiture, ils se sont serrés les coudes. Il a toujours été là pour elle, malgré les zones d'ombre qui tâchaient le tableau bien trop souvent. Unis pour la vie, il l'a aidé à surmonter cette épreuve difficile. Il lui a fait prendre des cours de piano et de chant pour qu'elle puisse extérioriser tout son mal-être et qu'elle trouve un échappatoire à son manque de présence maternelle. Leur père avait sombré dans l'alcool mais il a toujours été là quand il s'agissait de faire changer d'air à sa petite soeur. Pour lui, la famille c'est sacré. Le soir où leur père à péter les plombs et à envoyé valser sa soeur contre les escaliers, il a veillé trois jours de suite, sans dormir, dans la chambre d'hôpital qu'elle occupait. Il a veillé sur elle, espérant sans cesse qu'elle se réveille et qu'elle ne l'abandonnerait pas. Perdre l'être le plus cher à ses yeux l'aurait totalement anéanti. Depuis ce jour il a promis de toujours veiller sur elle et de ne jamais la laisser tomber en toutes circonstances. Et il tient toujours sa promesse aujourd'hui. Il a enchaîné les petits boulots pour lui offrir des appareils auditifs. Elle voulait qu'elle perçoit le monde comme lui le percevait, lui offrir une opportunité de ne pas se laisser aller à une dépression imparable. Il sait qu'elle déteste les porter mais il n'a de cesse de lui répéter que c'est pour son bien. Tous les deux sont plus proches que jamais et ils ne savent pas s'ils arriveraient un jour à vivre l'un sans l'autre. Et puis, leur plus grands secrets, ils les cachent où en discutent en parlant le langage des signes. C'est ce que l'on pourrait appeler leur petit truc à eux.

« Chuck ? » Appuyé au montant de la porte d'entrée du loft qu'il partageait avec sa petite soeur, il tentait d'attirer son attention. « Chuck ? » Aucune réponse. « Chuck ?! » Elle ne portait pas ses appareils. Il s'en doutait mais il voulait tout de même espérer. Il savait qu'elle détestait cela mais il ne pouvait pas s'empêcher de la préférer avec. Elle était plus elle-même quand elle les portait et cela le rassurait. Depuis l'accident, il avait du mal à rester serein quand il s'agissait de sa petite soeur. Il soupira légèrement et s'approcha de sa protégée. Elle était encore en train de travailler. Heureusement pour lui, il avait un double de la clé de son appartement. Il se posta donc devant la table basse et croisa les bras sur sa poitrine. La demoiselle releva la tête. Elle savait que c'était lui. Personne d'autre n'avait de double de ses clés et elle ne s'était jamais dit que cela pouvait être un cambrioleur. Un grand sourire sur les lèvres, elle se leva d'un bond, contourna la table et vint se jeter dans les bras de son frère. Il lui avait tellement manqué depuis la veille. Elle ne peut pas vivre sans lui, totalement accroc et dépendante de celui qu'elle aime plus que tout au monde. Au bout de quelques secondes, elle relâcha son étreinte. « Qu'est ... ce ... qu ... que tu ... fa ... fais là ? » demanda-t-elle tout en s'aidant du langage des signes. Chuck avait fait beaucoup de progrès depuis qu'elle apprenait à se servir des geste et de la parole pour s'exprimer quand elle n'avait pas ses appareils. Elle balbutie encore beaucoup mais elle s'améliore. Son frère écarquilla les yeux. Il ignorait qu'elle était capable d'une telle chose. Il lui demanda en langage des signes de remettre ses appareils pour qu'ils puissent discuter. Elle s'exécuta sans broncher. L'air grave que son visage affichait ne présageait rien de bon. « Tu devrais garder tes appareils quand tu es chez toi. On ne sait jamais ce qu'il peut arriver, surtout si tu es tout le temps en train de bosser. » « Désolée ... Mais je sais qu'il n'y a que toi qui es capable de rentrer ici donc je ne m'inquiète pas. Et puis, au pire, j'ai le signal qui me dit quand quelqu'un sonne. » Elle afficha un petit sourire en coin. Elle essayait de se justifier mais elle savait que cela n'aurait pas vraiment d'effet. Cependant, cela ne lui coutait rien d'essayer. « Tu n'as pas l'air bien, qu'est-ce qu'il t'arrive ? » demanda-t-elle tout en l'invitant à s'asseoir sur le canapé. Elle s'installa en tailleur, et il l'imita. Il attrapa avec attention ses petites mains délicates et se mit à les caresser du pouce, machinalement. « Il faut que je te parle de ... Papa » « Lequel ? Le connard ivrogne et drogué qui m'a rendu sourde ou notre père adoptif qui est si adorable ? » demanda-t-elle avec une pointe de sarcasme. Il soupira et resserra légèrement la pression sur les mains de sa cadette. « Chuck s'il te plaît, tu sais très bien que je parle de l'abruti qui était là à notre naissance ... Et s'il te plaît, écoute moi sans m'interrompre ... C'est important ... S'il te plaît ... » La brunette leva les yeux au ciel et lâcha un long soupir avant de reposer son regard sur son grand frère, l'incitant à continuer. « Ok ... J'ai eu un appel de l’hôpital tout à l'heure ... Tu sais qu'il y a eu un incendie dans une maison dans le centre ... Je leur ai dit de ne pas t'appeler, que je te le dirai en face parce qu'après tout, c'est mieux comme ça ... » « Viens en au fait s'il te plaît ! » « Notre ancienne maison à brulé et ... il était à l'intérieur ... » Tous les deux restèrent silencieux. Elle ne pensait pas que cela pourrait arriver un jour mais des larmes perlèrent sur les joues de Chuck. « Alors c'est tout ? C'est fini ? Comme ça ? » Il caressa sa joue droite et lui essuya les larmes chaudes qui coulaient encore. « Oui, c'est fini ma belle. » Chuck vint se blottir contre lui. Enfin, c'était fini. Toutes ces années de souffrance étaient enfin finies. Tous les deux, enlacés, ils étaient enfin libérés de leur passé sombre. C'était fini, et pour de bon cette fois-ci.