— extrait de ma fiche.

II) LA RENCONTRE AVEC LA FILLE
J’avais dix-sept ans quand je l’ai vue pour la première fois. LA fille. Emily. Elle venait d’arriver dans le lycée à la rentrée scolaire et moi j’étais déjà installé sur mon siège. Elle s’était placée derrière moi, la seule place de libre dans la salle à vrai dire. Mais je ne sais pas, je pense que c’était un coup du destin puisque je suis littéralement tombé des nues en la voyant. Elle était juste parfaite. En plus, elle m’a sourit et c’est à ce moment là que je suis vraiment tombé de ma chaise. Bien évidemment, j’ai eu droit aux moqueries des autres avant de me relever et de m’installer à nouveau. Je me suis retourné et je lui ai souri à mon tour. Le lendemain, c’était la même rengaine. Des regards, des sourires. Je n’étais pas populaire et elle, elle s’était faite accostée par le capitaine de l’équipe de hockey. Autant dire, j’avais peu de chance d’avoir une histoire avec cette fille, très peu de chance. Mais ce faible pourcentage était en ma faveur puisqu’une semaine plus tard, elle me proposait d’aller avec elle à la fête de ce fameux capitaine de l’équipe de hockey. « Euh… Ouais, ouais ! » Que je lui avais répondu. J’avais également ce sourire béat sur le visage mais je n’en avais rien à faire. Elle m’avait embrassé sur la joue et s’en était allée.
Le vendredi soir, j’étais passé la prendre pour cette fameuse fête. Dans ma tête, ce n’était pas vraiment une fête mais plutôt un rendez-vous, un rencard. Et j’espérais vraiment que ça soit la même de son côté. Quand j’ai sonné à sa porte, il y avait ce sourire, je ne pense pas l’oublier de sitôt. Il était angélique, plus parfait que ça, tu meurs. J’étais vraiment anxieux sur le déroulement de la soirée, si jamais elle allait me lâcher pour aller voir la bande d’amis populaires et, finalement, c’est avec surprise qu’elle m’a pris la main pour aller dans le jardin afin de danser sur le rythme de la musique. En fin de compte, elle ne m’avait pas lâché de la soirée, à mon plus grand plaisir. On a parlé, on a appris à faire connaissance. Si bien qu’à la fin de la soirée, l’un assis à côté de l’autre, nos visages se sont rapprochés et… on s’est tout simplement embrassés. Aussi simple que ça. Ça me paraissait naturel et je ne me suis même pas posé de questions. Il faut croire qu’on était sur la même longueur d’ondes.
Le lundi suivant, c’était officiel : c’était ma petite amie. Et à vrai dire, dans la confidence, ma première petite amie. Je ne pouvais pas décrire ce que je ressentais quand j’étais à ses côtés. Elle était celle qui me faisait sourire par sa simple présence, celle qui faisait battre mon cœur plus fort encore et encore, celle qui rendait mes mains moites, celle qui me faisait rêver rien qu’en sentant son parfum. J’étais heureux tout simplement. Et ceux pendant deux longues années. On a vécu toutes nos premières fois ensemble et je n’échangerais ça contre rien au monde. Sauf… Enfin, non pas que j’échangerais tout ça contre quelque chose mais s’il y avait bien quelque chose dont je me serai passé, ce serait son père.

III) LA SÉPARATION ET LE DÉPART
Son père était la cause du « début de la fin » comme c’est si communément appelé. Emily et moi, on ne comptait pas vivre juste un amour de lycée, au contraire. Après deux ans de relation, c’était supposé durer dans le temps. Après l’université et tout. Mais son père, qui ne m’aimait pas trop faut bien l’avouer, avait trouvé le moyen de mettre définitivement des bâtons dans les roues de notre relation. Il avait trouvé à Emily le « mari idéal ». Etant un homme d’affaires réputé, il avait conclu un marché avec une entreprise adverse afin que les affaires aillent bien. Ce marché ? Emily devait épouser le fils du dit PDG de l’autre entreprise, et ce dans les plus brefs délais. Après tout, quand l’argent coule à flot, il est facile d’organiser un mariage en quelques semaines seulement. Que dis-je, quelques jours oui. A la fin de la semaine avait déjà lieu ce mariage si… destructeur. Je méprise depuis ce jour toutes les personnes pétées de tunes qui l’utilisent pour manipuler les gens. Il y a bien sûr des personnes qui ne le montrent pas à tout le monde, qui se vantent et qui utilisent les gens pour arriver à leurs fins. Mais les autres, non, je ne peux les supporter.
J’y étais au mariage. Bien que je n’étais pas invité, je m’étais pointé et étais resté au fond de la salle. Je regardais Emily, devant l’autel et j’avais le cœur en morceaux. Son père était d’une cruauté sans égale et je le détestais. Je le détestais de nous avoir séparé de cette manière. Vient alors le moment du « oui » fatidique. Va-t-elle le dire, ou pas ? C’est la raison pour laquelle j’étais ici, je voulais le voir de mes propres yeux. Je voyais alors son regard rempli de tristesse se tourner vers moi et ça me brisait encore plus le cœur. Parce qu’on était tous les deux malheureux de cette situation et il n’y avait plus rien qu’on ne puisse faire. Je lisais sur ses lèvres un « je t’aime » avant qu’elle ne se retourne vers son futur mari et qu’elle dise « Oui, je le veux. » Je ne sais pas ce qui s’est passé suite à cette réponse, je m’en étais déjà allé. J’étais rentré chez moi en trombe, ne pouvant pas en supporter plus. J’attrapais un premier sac où je fourrais la plupart de mes affaires. Dans un autre, j’y mettais mes effets personnels dont je ne pouvais pas me passer et j’écrivais deux lettres. Une première pour ma mère, où je lui indiquais la raison de mon départ précipité et aussi comment elle pouvait me joindre. La deuxième, elle était pour Emily. Je savais qu’elle m’aimait, oui. Mais elle était à présent mariée et je ne pouvais rien y faire. Alors je lui ai dit de m’oublier. Je ne lui donnais pas ma destination, ni même comment me joindre. Je… je devais l’effacer de ma vie pour ne plus souffrir comme j’ai souffert à l’annonce du mot « oui ».