« Votre fils est un surdoué ! » Immense sourire venant de la mère d’Anastase. Son second fils, Camille est lui aussi quelqu’un de différent, quelqu’un à part. Elle est la plus heureuse des mères, parce que son fils qui est née le vingt-cinq décembre est un génie. Helena s’empresse de voir tous les gens qu’elle connait pour annoncer la bonne nouvelle. Ce qu’elle ne sait pas c’est ce que va devenir son fils. Gydeon le père ne dit rien, il est fier, mais dans son coin, il n’exprime jamais ce qu’il ressemble, il semble toujours de mauvaise humeur et est toujours seul. C’est quelqu’un d’incroyablement secret, une vraie statue contrairement à Helena qui aime s’afficher, qui est exubérante. La famille Gatiss s’arrête à là, le père ne veut pas prendre le risque de faire une fille, il veut que son nom reste dans les annales, c’est quelqu’un de puissant et de dominateur, il veut toujours tout et il aime le pouvoir. Il est très riche et possède une boite de pub connue dans toute l’Europe, il va la léguer à son dernier fils, Anastase, bien que celui-ci soit attiré par d’autres choses, il n’en a rien à faire. Il récupère la boite et puis c’est tout.

« Nous devons y aller. » Le regard froid, noir, les yeux emplis de larmes Anastase claque la porte de sa chambre alors que son frère Camille élégamment vêtu est devant. « Ecoute, je sais que c’est difficile que c’est un jour particulier. Mais il est temps. » Un hurlement qui semble vouloir dire non se fait entendre et résonne dans tout l’appartement de Camille. Oui, effectivement, aujourd’hui est un jour difficile. C’est le jour de l’enterrement des parents des deux jeunes garçons. Anastase reste persuadé que ses parents vont revenir, il est instable en ce moment qui plus est. Camille ne peut pas ne pas y aller et son frère non plus, c’est de leur parents qu’il est question, cependant le jeune adolescent ne se sent pas assez fort. « Any, ouvre cette porte, s’il te plait, tu ne seras pas seul, je serais là, tout le temps, je ne te lâcherais pas, je te le promets. » Un silence s’installe, la porte s’ouvre doucement après que la clé ait bougée. Le visage détruit par les larmes, un jeune garçon de seize an se trouve face à Camille, celui-ci sourit se voulant le plus rassurant possible alors qu’il n’en même pas large. « Tu me promets ? » Petite voix, regard brillant, yeux rivés vers le sol. « Je te le promets. »

« Anastase a été retrouvé dans les toilettes de l’université en train de se piquer… Je n’ai pas voulu appeler les flics et j’ai vu dans son portable qu’il… Qu’il avait un frère alors… J’ai appelé… Je… je suis désolé de vous déranger comme ça… Vous arrivez, d’accord. Je reste avec… Merci… Et faites vite ! » Ana n’a jamais eu d’amis, sauf que des gens font attention à lui, sans qu’il le sache, des gens l’apprécient et se soucient de lui, notamment un certain Clay, un pianiste trop coincé. Aujourd’hui, il doit une fière chandelle à Clay parce qu’il vient de lui éviter la prison, cependant il ne va pas lui éviter la tempête Camille qui est surement pire que tout, enfin non, le pire c’était la tempête Gydeon qui ne laissait jamais rien d’intact. Une dizaine de minutes plus tard, un homme vêtu d’un costume taillé sur mesure entre dans les toilettes de la faculté d’Oxford. Il est accompagné d’un jeune homme d’une vingtaine d’années qui se nomme Philipp. « Merci Clay, Philipp va s’occuper de vous. » Claquement de doigt, porte qui s’ouvre puis se ferme. La suite, une claque, des cris, des pleurs, une accolade, un cachet, sommeil.

« Je vais te faire à manger, je sais que tu ne me parles plus… Mais je te préviens. » Camille jette un coup d’œil sur son frère qui est assis sur le fauteuil, la tête sur ses genoux, les yeux fermés. Anastase ne lui adresse plus la parole à cause de la cure de désintoxication, la seconde qu’il a faite. La pire de toutes parce qu’il y est resté cinq mois. Anastase n’a pas supporté ce qu’il a vécu là-haut, il a bien cru qu’il n’allait jamais en sortir, il a voulu se suicider en étant là-haut. Il ne tient décidément pas à sa vie. Il ne veut plus vivre comme ça, il se sent constamment mal, sauf lorsqu’il joue du violon. La voilà d’ailleurs qu’il se lève et qui s’avance vers la fenêtre du salon, il prend son violon et laisse son archet glisser dessus laissant une mélodie horriblement triste prendre de l’amplitude dans l’appartement de l’aîné. Celui-ci ne dit plus rien, il ne bouge plus, il regarde son frère jouer et il ferme les yeux se laissant emporter par cette mélodie. C’est dans des moments comme ça qu’il se dit qu’Anastase a vraiment du mal, qu’il a vraiment des problèmes, il s’en veut de ne pas pouvoir l’aider. Il aime son petit frère.

« Excusez-moi… » Ana bouscule une jeune femme sans faire exprès. Il voulait simplement sortir rapidement dehors pour fumer une cigarette. La jeune femme se retourne, une magnifique rousse. Il ouvre la bouche sans pouvoir dire un autre mot. Il sent ses joues rougir. Il se sent honteux. Il n’arrive pas à la quitter du regard. Il la trouve splendide. Il ne veut pas qu’elle lui en veuille parce qu’il la fixe, mais il ne peut pas s’en empêcher. C’est la première fois. « Vous fumez ? » Cette question lui échappe, elle acquiesce avec un sourire malicieux. Ils sortent tous les deux dehors silencieusement. Anastase lui offre une cigarette et lui allume, ils observent les étoiles. Anastase aime les étoiles, ça l’apaise. Il lui montre alors quelques étoiles rapidement pour faire la conversation. Elle semble intéressée, il prie pour qu’elle le soit. C’est la première fois qu’il explique des choses à quelqu’un, surtout à une jeune fille. « Anastase… » Dit-il subitement pour se présenter, il a honte de lui. « Sybille. » Il avale lentement sa salive et rougit de nouveau, mais elle fois dans le noir, elle ne peut le voir.

« Mhhhhh… » Une main tape l’oreille à droite. Il n’y a rien dessus, personne du moins. Sybille n’est pas dans le lit. Ana soupire doucement et se lève du lit, il enfile un caleçon et quitte la chambre à coucher, il traverse le couloir manquant de se prendre deux meubles parce qu’il est trop fatigué. Il arrive dans le salon en baillant, le bras droit dans ses cheveux. « Morning… » Dit-il d’une voix endormie. Il ouvre enfin complétement les yeux et voit sa petite amie assise sur le canapé sur ordinateur sur les cuisses. Il se laisse glisser à côté d’elle. Il l’embrasse sur la joue en guise de bonjour. Il regarde ce qu’elle cherche sur interner. « Tu pars en voyage ? » Demande-t-il doucement. Elle se retourne alors vers lui, un sourire plaqué sur tout le visage. « Nous partons en Ecosse ! » Ana hausse un sourcil avant de subir l’assaut de sa petite amie qui se jette sur lui pour réclamer son câlin du matin qu’il finit par lui donner comprenant enfin qu’eux deux, c’est vraiment du sérieux.

BONUS.
« Je vous offre un verre ? » Voix grave, un homme de plus de trente-cinq ans, costume droit, parfaitement bien taillé, chaussures vernies, montre hors de prix, regard perçant. « Pourquoi pas… » Cheveux gris, peau mate, sourire énigmatique, costume noire, élégant. « Camille Gatiss. Enchanté. » Lance le brun en tendant sa main à l’autre. « Gabriel Molesley, de même. » Les deux hommes se fixent quelques secondes avant de reporter leur attention sur leurs verres et leur discussion sur le système politique anglais du moment. Vers deux heures du matin, le barman est obligé de les mettre dehors, ils sont les deux derniers clients à sortir. Un peu éméchés, les deux hommes quittent l’immense bar ou ils étaient, ils se retrouvent alors sous la pluie, Camille sort son parapluie pour les protéger. Ils se retrouvent proches l’un de l’autre et l’inévitable se produit. Un baiser. A soft kiss. Puis une lutte pour la domination, des mains un peu trop baladeuses en public. Des regards enflammés. La nuit risque d’être courte pour les deux hommes.